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Forêt à proximité, lignes à haute tension, eau rare: les pompiers ont résolu un vrai casse-tête.
Le brasier mesure quarante mètres de long et quinze de large. Les 1150 balles de foin en feu s'empilent sur huit mètres de hauteur. L'ampleur du sinistre est telle que quatre-vingts pompiers et 30 véhicules l'affrontent. A 1 h 30 mercredi matin, alors qu'ils luttent déjà depuis plus de trois heures, certains pensent que deux jours ne seront pas de trop pour mâter l'incendie.
L'équation qu'ont à résoudre les sapeurs est des plus complexes. La montagne de paille s'élève en rase campagne bernésienne. Les bornes à incendie les plus proches se situent à plus d'un kilomètre. Quatre lignes à haute tension passent pile au-dessus de la fournaise. Et la forêt se dresse sur deux des côtés du feu, à moins de cinq mètres de cette paille incandescente.
Immédiatement, les Services industriels coupent le courant des lignes à haute tension. Aucun quartier ne sera privé d'électricité: le maillage du réseau est «simplement» réorganisé. Reste l'eau. Un instant, le capitaine Jacques Magnin envisage de se servir dans le Rhône et les étangs avoisinants. Il renonce finalement, tirant des kilomètres de tuyaux à travers champs.
Bulldozers à la rescousse
A 3 h du matin, quatre lances déversent des milliers de litres sur le brûlant monticule. Des flammèches s'en échappent par centaines, des fumerolles blanches cherchent leur route à travers la paille humide, puis s'élèvent nimbées de lumière rouge. Cette nuit-là, la paille ressemble à de la lave en fusion.
«On ne fait que refroidir pour que cela ne reprenne pas comme avant, explique un pompier volontaire. Tant que nous n'avons pas de bulldozer pour éventrer le tas, on ne peut pas éteindre. La plupart de l'eau ruisselle en surface et la paille charbonne en dessous.»
Peu après 3 h, enfin, les bulldozers déboulent, creusant des tranchées, déchiquetant les balles, écrasant méthodiquement leurs lambeaux, traquant le feu dans les moindres recoins. A 14 h hier, il avait rendu l'âme.
Source : Tribune de Genève - Jérôme Faas
Bernex (GE) : Des milliers de tonnes de paille flambent (suite)
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